Modes discontinus

1. Mode discontinu non alimenté, non soutiré = en cuvée = en lot = batch

Principe : on lance la culture, elle évolue vers le terme choisi, on récupère la cuvée et dans la cuvée on récupère la production d'intérêt (biomasse ou métabolite ou ...).

Note importante associée : Par convention l'aération d'un bioréacteur n'est pas considérée comme une alimentation/soutirage (y'a pas de réserve de dioxygène dans un milieu, on est obligé de transférer du dioxygène en permanence si le procédé est aérobie...). De même les apports en base ou acide pour régulation de pH ne sont pas concernés par ce qu'on appelle une alimentation de bioréacteur. Même chose pour les éventuels apports en anti-mousse.

mode batch

Ce mode de conduite génère des phases différentes, préparations, conditionnements, bioréaction à proprement parlé, vidage de la cuve et donc potentiellement de nombreux temps morts. En revanche, c'est simple, notamment pour maintenir la stérilité d'un procédé, et quand c'est simple et que ça marche, pourquoi faire compliqué.

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2. Mode discontinu alimenté, non soutiré = fed-batch

fed-batch

L'alimentation est réalisé avec un milieu concentré chargé de tous les composants du milieu de culture ou de seulement certains. Le volume dans le réacteur augmente donc très sensiblement en cours de procédé. Pas de soutirage en cours de procédé, on récupère la production en une fois en fin de cuvée.

Note importante associée : Par convention l'aération d'un bioréacteur n'est pas considérée comme une alimentation/soutirage (y'a pas de réserve de dioxygène dans un milieu, on est obligé de transférer du dioxygène en permanence si le procédé est aérobie...). De même les apports en base ou acide pour régulation de pH ne sont pas concernés par ce qu'on appelle une alimentation de bioréacteur. Même chose pour les éventuels apports en anti-mousse.

Ce mode de conduite très simple permet :



Fed-batch et inhibition par le substrat. Un exemple pratique.

On souhaite produire de la biomasse d'une souche d'un micro-organisme chimio-organotrophe aérobie strict en procédé discontinu en réacteur industriel. La source de carbone et d'énergie du milieu est le glucose. En phase de croissance (exponentielle), le rendement de conversion du glucose en biomasse (YX/S) a été mesuré à 0,4 g de biomasse sèche par g de glucose. Les concentrations élevées en glucose deviennent inhibitrices pour la souche au delà de 25 g/L dans le milieu de culture. On souhaite produire en discontinu, en arrêtant le procédé en fin de phase de croissance dès que le glucose, limitant, s'épuise. On souhaite obtenir une concentration finale en biomasse sèche de 4 % (40 g/L) dans le réacteur à partir d'un milieu inoculé au départ à 0,008 % (0,08 g/L) en matière sèche. Pour alimenter en fed-batch, on dispose d'une solution milieu à 300 g/L en glucose.

On peut montrer facilement qu'un fed-batch sera nécessaire. En effet le besoin en glucose (SN) pour passer de 0,08 g/L à 40 g/L en biomasse sèche est estimé à SN = ([X]finale - [X]initiale)/YX/S = (40-0,08)/0,4 = 99,8 g/L (100 g/L). On est largement supérieur à 25 g/L, un fed-batch est bien nécessaire.

On donne désormais tous les paramètres de la production qui vont permettre de calculer l'alimentation fed-batch nécessaire :

Volume de milieu y compris l'inoculum au départ

Concentration en glucose au départ

Objectif de croissance

Rendement de conversion du glucose en biomasse

[glucose] de la solution d'alimentation

Volume d'alimentation nécessaire

V0

C0

[X]finale et [X]initiale

YX/S

Csirop

Vfeed

10 m3

22 g/L (kg/m 3)

[X]finale = 40 g/L
et
[X]initiale = 0,08 g/L
(ou kg/m 3)

0,4 g de biomasse sèche par g de glucose (ou 0,4 kg/kg)

=300 g/L (kg/m 3)

L'inconnu à déterminer

 

On peut commencer par une résolution "grossière" du problème. On va supposer que le volume d'alimentation nécessaire sera faible devant V0. On peut alors raisonner simplement. En approche grossière, le besoin en glucose exprimé en concentration est [SN] =([X]finale-[X]initiale)/YX/S=39,92/0,4=99,8 g/L (kg/m 3). On devra donc alimenter par l'équivalent de 99,8 - 22 = 77,8 kg/m 3 de glucose et ce pour le volume V0 de 10 m3 soit 77,8 * 10 = 778 kg de glucose.
Si l'apport est réalisé avec un sirop à 300 kg/m 3 il faudra donc Vfeed = 778/300 = 2,59 m3.
Il faudra ajuster le débit d'alimentation afin qu'en permanence la concentration résiduelle en glucose dans la cuve de fermenteur reste toujours inférieure à 25 g/L. Problème, le calcul est faux car 2,59 m3 est loin d'être négligeable devant 10 m3 ! Donc le volume d'alimentation nécessaire sera bien plus élevé que ne le prévoit notre calcul grossier. Une résolution plus subtile du problème s'impose...

 

On va construire une équation complète et exacte permettant de calculer Vfeed : $$ \left\{ \begin{array}{l} volume~final~=~V_0+V_{feed}\\ Besoin~en~glucose~(en~masse)~=~Apport~total~en~glucose~(en~masse)\\ Apport~en~glucose~=~C_0V_0+C_{sirop}V_{feed}\\ Besoin~en~glucose~=~\cfrac{[X_{finale}]*{volume~final}-[X_{initiale}]*V_0}{Y_{X \setminus S}}\\ \end{array} \right. $$

D'où :
$$ \left\{ \begin{array}{l} \cfrac{[X_{finale}]*{(V_0+V_{feed})}-[X_{initiale}]*V_0}{Y_{X \setminus S}}~=~C_0V_0+C_{sirop}V_{feed}\\ Equation~à~une~seule~inconnue~:~V_{feed} \end{array} \right. $$ Soit (aux valeurs numériques) :
\( \cfrac{40 *{(10+V_{feed})}-0,08*10}{0,4}~=~22*10+300*V_{feed} \)
\(\cfrac{400+40*V_{feed}-0,8}{0,4}~=~220+300*V_{feed} \)
\(\cfrac{399,2+40*V_{feed}}{0,4}~=~220+300*V_{feed} \)
\(399,2+40*V_{feed}~=~0,4*(220+300*V_{feed}) \)
\(399,2+40*V_{feed}~=~88+120*V_{feed} \)
\(80*V_{feed}~=~311,2 \)
\(V_{feed}~=~\cfrac {311,2}{80}~=~3,9~m³ \)
Et ce n'est pas du tout les 2,6 m3 trouvés dans la prévision grossière précédente ...CQFD.


Fed-batch et production de protéines hétéroloques recombinées, exemples pratiques.

Voir les pages dédiées à http:\\www.perrin33\genie_ferment\appli\prod_prothetrec_0.php.

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3. Modes discontinus avec cellules immobilisées et recirculation du milieu

Très simple à expliquer avec un schéma. On récupère la cuvée en fin de lot et on peut relancer éventuellement une nouvelle cuvée avec du milieu neuf ...

On trouve parfois ce type de montages dans des publications de recherches. Je ne connais pas d'application industrielle ...

recirculations sur cellules immobilisées

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