4. Utilisation d'un étalon interne : tentative de généralisation


On va essayer de rassembler tous les éléments d'intérêt des étalons internes évoqués séparément dans les 3 exemples ci-dessus dans un cas formel de portée "globale". On doit néanmoins préciser les éléments choisis :
- l'analyse exige un traitement préalable de l'échantillon ;
- la détection met en oeuvre un "volume injecté" non strictement déterminé ;
- le signal récupéré lors de la mesure des analytes est un signal proportionnel selon un coefficient de réponse caractéristique mais la réponse finale est soumise à dérives, fluctuations.

Le schéma ci-dessous essaie de résumer la situation :

parcours de l'échantillon
  1. Echantillon de volume V, de concentration Cx. Soit n x la quantité de X :

    nx = Cx * V

  2. On ajoute un volume Vi d'étalon interne i contenant ni moles de i. Les concentrations respectives en X et en i deviennent alors C1x et C1i.

  3. Le prétraitement conduit à récupérer un volume V2 contenant n2x et n2i moles de X et de i. Les concentrations respectives en X et en i deviennent alors Cax et Cai.

  4. Si on appelle respectivement rx et ri les rendements du prétraitement pour X et i ; on a :

    n2x = rx * nx

    et
    n2i = ri * ni

  5. On suppose que l'appareil analyse sur un volume Va (volume "injecté") et mesure ainsi les quantités nax et nai qui répondent à :

    nax = Cax * Va


    et
    nai = Cai * Va

  6. On suppose une mesure quantitative avec des signaux respectifs Sx et Si pour X et i et des facteurs de réponse kx et ki qui obéissent à :

    nax = kx * fx * Sx

    et
    nai = ki * fi * Si.

    où fx et fi représentent le facteur de dérive/fluctuation du coefficient de réponse à un instant donné sur la mesure de x et i respectivement.



On va maintenant établir les 2 relations nx = f(Sx) et ni = f(Si).

On va voir qu'elles font intervenir rx, V2, Va, kx, fx et ri, V2, Va, ki, fi respectivement.

Et ceci nous permettra de démontrer que l'étalon interne joue le rôle "d'espion" :
- c'est lui qui "fournit" les valeurs de V2, Va ;
- et c'est lui qui permet de s'affranchir des variations sur rx, kx et fx lors de chaque mesurage à la condition que ri, ki et fi subissent les mêmes variations relatives pour le même mesurage.


"Démonstration".

Rappel des étapes en cause.

On reprend, par la fin, le schéma du tableau présenté ci-dessus.

Rappel des égalités vues dans le tableau ci-dessus.

On a supposé des réponses proportionnelles aux quantités injectées mesurées avec fluctuations de réponses (6), soit :
nax = kx * fx * Sx

et
nai = ki * fi * Si

Donc en "injectant" les relations données dans (5), on obtient :
Cax * Va = kx * fx * Sx

Cai * Va = ki * fi * Si

analyse
  • (6) On suppose une mesure quantitative avec des sorties respectives Sx et Si pour X et i et des facteurs de réponse kx et ki qui obéissent à :
    nax = kx * fx * Sx

    et
    nai = ki * fi * Si.

  • (5) On suppose que l'appareil analyse sur un volume Va (volume d'injecté). Il mesure donc les quantités nax et nai telles que :

    nax = Cax * Va

    et
    nai = Cai * Va

  • Or on a Cax = n2x / V2
    et
    Cai = n2i / V2   (d'après (3))

    donc on peut écrire :
    (n2x / V2) * Va = kx * fx * Sx

    et
    (n2i / V2) * Va = ki * fi * Si

    Utilisons alors les relations liées aux rendements du prétraitement pour X et i données par (4), on arrive à :

    (nx * rx / V2) * Va = kx * fx * Sx

    et
    (ni * ri / V2) * Va = ki * fi * Si

    analyse
  • (3) Le prétraitement conduit à récupérer un volume V2 contenant n2x et n2i moles de X et de i. Les concentrations respectives en X et en i deviennent alors Cax et Cai.

  • (4) Si on appelle respectivement rx et ri les rendements du prétraitement pour X et i ; on a : n2x = rx * nx

    et
    n2i = ri * ni

  • On peut donc écrire - au choix -la relation fondamentale :

    (nx / ni) = (ri / rx) * (kx / ki) * (fx / fi) * (Sx / Si)

    ou

    (C1x / C1i) = (ri / rx) * (kx / ki) * (fx / fi) * (Sx / Si)

    Posons alors quelques remarques :
    - le volume "injecté" Va n'apparait plus, il n'a pas à être déterminé pour chaque mesure ponctuelle. Il est le même pour l'étalon externe et interne pour chaque mesure ponctuelle et cela suffit à notre affaire.
    - ( kx / ki ) est un rapport constant pour l'analyte X à doser et l'étalon interne I valable pour une série de mesures.
    - La plupart des appareils de mesures permettant de mettre en oeuvre l'étalonnage avec étalon interne ont un principe de construction qui engendre fx = fi à tout instant et donc fx / fi = 1 à tout instant .
    - Les protocoles d'extraction-préparation des échantillons sont incapables de permettre de maitriser les valeurs de rx et ri mais il est assez simple de les concevoir de telle sorte que ri / rx = 1 .


    Conclusion :
    Grâce à l'étalon interne, à qui il arrive ce qu'il arrive à l'analyte à doser, on obtient une relation simple qui permet de "contourner" astucieusement tous les "inconnus" du problème :

    (nx / ni) = * ( kx / ki ) (Sx / Si)   (relation (F1))

    ou

    (C1x / C1i) = * ( kx / ki ) (Sx / Si)   (relation (F2))

    avec ( kx / ki ) coefficient caractéristique parfaitement constant dans une série de mesures. ( kx / ki ) sera connu très facilement par la mise en oeuvre d'un étalonnage avec des solutions contenant X et I en quantités connues.

    Ainsi se termine le traitement du "cas général". Mais pour rester concret appliquons le aux 3 cas évoqués précédemment...


    Application au cas n° 1, le dosage d'adrénaline.

    Revoyez éventuellement le cas ...

    Les résultats obtenus avec le mélange des 2 étalons adrénaline et DHBA

    Les résultats de Monsieur Dupont

    Les résultats de Madame Durand

    3 pg d'adrénaline et 5 pg de DHBA conduisent à des pics de surfaces respectives 230673 et 557 219 unités.

    Un volume essai E de 1,00 mL de plasma auquel on ajoute 50 µL d'une solution de DHBA qui apportent ainsi 500 pg de DHBA conduisent à un pic adrénaline de surface 96 620 unités et un pic DHBA de surface 429 766 unités.

    Un volume essai E de 1,00 mL de plasma auquel on ajoute 50 µL d'une solution de DHBA qui apportent ainsi 500 pg de DHBA conduisent à un pic adrénaline de surface 174532 unités et un pic DHBA de surface 397 562 unités.

    On applique la relation (F1) sans sourciller, presque sans réfléchir au problème, et on obtient instantanément :

    3 / 5 = (kx / ki) * (230673 / 557219)
    soit
    (kx / ki) = (3 / 5) * (557219 / 230673)

    nx / 500 = (kx / ki) * (96620 / 429766)
    soit
    nx = (kx / ki) * (96620 / 429766) * 500

    nx / 500 = (kx / ki) * (174532 / 397562)
    soit
    nx = (kx / ki) * (174532 / 397562) * 500

    D'où :

    nx = (3 / 5) * (557219 / 230673) * (96620 / 429766) * 500
    qui donne
    nx = 163 pg ; et ce dans 1,00 mL de plasma ...

    nx = (3 / 5) * (557219 / 230673) * (174532 / 397562) * 500
    qui donne
    nx = 318 pg ; et ce dans 1,00 mL de plasma ...


    Application au cas n° 2, le dosage d'éthanol.

    Revoyez le cas à la lumière de l'explication ci-dessous :

    La fonction d'étalonnage est une application directe de la relation (F2). Il n'y a pas, dans ce cas, de traitement préalable des échantillons. L'étalon interne "espionne" les fluctuations au niveau de l'injection et de la détection.


    Application au cas n° 3, dosage de potassium.

    Revoyez le cas à la lumière de l'explication ci-dessous :

    La fonction d'étalonnage est une application directe de la relation (F2). Il n'y a pas, dans ce cas, de traitement préalable des échantillons. L'étalon interne "espionne" les fluctuations au niveau du débit d'injection, de la flamme et de la détection.