2. Production d'éthanol à partir d'un substrat riche en glucose/fructose/saccharose

On suppose une fermentation alcoolique à partir de levures de type Saccharomyces cerevisiae ou genre voisin sur un substrat riche en saccharose et/ou glucose et/ou fructose (par exemple à partir de canne à sucre, ou d'amidon hydrolysé...).

L'éthanol est un métabolite primaire de type produit terminal du métabolisme énergétique.

2.1 Rendement stoechiométrique en éthanol par rapport au sucre consommé (un rendement limite)

Le schéma métabolique de la fermentation d'une molécule de saccharose ou de glucose ou de fructose est :

modèle métabolique fermentation éthanolique

EMP : voie Embden-Meyeroff-Parnas (glycolyse)
(1) : pyruvate décarboxylase
(2) : éthanol déhydrogénase (éthanol NAD oxydoréductase)

La réaction stoechiométrique de conversion du glucose ou du fructose en éthanol est :
C6H12O6 ------> 2 CO2 + 2 H3C-CH2OH
180 g/mol ------> 2* 44 g/mol + 2* 46 g/mol
Le rendement stoechiométrique limite est donc Yeth/gluc = 2*46/180 = 0,51 g éthanol par g de glucose (ou fructose).

La réaction stoechiométrique de conversion du saccharose en éthanol est :
C6H12O5-C6H11O5 ------> 4 CO2 + 4 H3C-CH2OH
342 g/mol ------> 4* 44 g/mol + 4* 46 g/mol
Le rendement stoechiométrique limite est donc Yeth/gluc = 4*46/342 = 0,54 g éthanol par g de saccharose.

Il faut bien comprendre que le rendement stoechiométrique est un rendement limite virtuel : ne pourrait être atteint que si la totalité le sucre consommé était dirigé exclusivement vers la voie fermentaire conduite à son aboutissement en éthanol !


Expérimentalement, sur un milieu synthétique minimal glucosé (YNB + glucose 15g/L) agité aéré, avec Sacch. cerevisiae, en phase exponentielle de croissance, le rendement pratique obtenu est de 0,34g d'éthanol par g de glucose. Sachant que, en aérobiose, quand le glucose est à plus de 2g/L, par effet Crabtree, le métabolisme est essentiellement fermentaire (à 80-90%). Et sachant que le glucose est source de C et d'énergie, la valeur pratique de 0,34 g/g n'est pas surprenante.

En travaillant dans des conditions où les levures ne se multiplient quasiment pas, en milieu peu aéré, on atteint un rendement de presque 0,5 g d'éthanol par g de glucose. On se rapproche ainsi du rendement stoechiométrique. En effet, dans des conditions sans croissance, il n'y a plus qu'une très faible consommation de glucose comme source de C (juste pour un peu de turn-over..) ; ainsi, quasiment tout le sucre consommé est utilisé comme source d'énergie pour le maintien cellulaire. Et donc presque tout le glucose utilisé est fermenté. On se rapproche ainsi très près du rendement stoechiométrique.
Pour obtenir des conditions où les levures fermentent et ne se multiplient quasiment pas, il faut travailler en milieu très très peu aéré, assez chargé en glucose, avec une charge en biomasse très importante et des concentrations élevées en éthanol à un niveau où il devient inhibiteur de la croissance (vers 9% v/v).

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2.2 Bref aperçu des programmes industriels à l'origine de la production d'éthanol par fermentation

Plusieurs programmes industriels sont à l'origine de la production d'éthanol carburant par fermentation à partir des sucres d'une biomasse agricole ou forestière:

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2.3 Etude d'un cas pratique : fabriquer de l'éthanol à partir de topinambours

bioethanol avec topinambour bioethanol avec topinambour

On optimise le rendement de production d’éthanol (l’alcool) grâce à un procédé qui minimise l’utilisation des glucides comme source de carbone (l'idéal est que tout passe en fermentation éthanolique à des fins énergétiques compte tenu de l'objectif de production d'éthanol). En recyclant les levures en sortie de bioréacteur on obtient un double bénéfice : la quantité de levures dans le bioréacteur est maximale et la multiplication des levures est minimisée (il n'y a donc plus beaucoup de consommation de glucose comme source constitutive de C pour la croissance, le glucose part quasi exclusivement comme source d'énergie pour la maintenance cellulaire avec production du déchet métabolique alcool).

bioethanol avec topinambour

 

Pour finir ce paragraphe "éthanol carburant" il convient de formuler un certain nombre de remarques.
Le "coût" d'un éthanol (bio)carburant n'est pas facile à déterminer : Combien d'équivalent pétrole produit pour combien de pétrole consommé pour les phases agricoles/transport/fermentation-distillation ? Questions liées à l'éventuelle consommation en eau d'irrigation, à l'utilisation éventuelle de produits phytosanitaires et d'engrais, au détournement vers des objectifs énergétiues de cultures potentiellement utilisables pour l'alimentation ...

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