Le schéma réactionnel du mécanisme bi-bi aléatoire à complexe ternaire est le suivant :
Dans ce schéma général, les coefficients d'associations de E avec A ou de EB avec A ne sont pas forcément les mêmes. Il en est ainsi pour les liaisons de B avec E ou EA.
Cette mécanique ne conduit pas forcément à des allures michaéliennes mais y conduit très souvent. On ne retiendra ici ques ces cas. En particulier,
dans les conditions [A]>>[E0], [B]>>[E0], début de réaction [P] et [Q] suffisamment faibles pour pouvoir négliger les associations retours et quand les cinétiques d'association/dissociation
de E avec A et de E avec B sont très rapides et conduisent au quasi-équilibre, il va apparaître un état quasi stationnaire
dont la résolution (pas simple) donne une équation du type :
• où KmA = f(ki) est un coefficient appelé coefficient de Michaelis pour A à B saturant et
KmB = f(ki) est un coefficient appelé coefficient de Michaelis pour B à A saturant ;
• où k0 = f(ki) est un coefficient appelé coefficient catalytique de l'enzyme et k0[E0] est la vitesse initiale maximale (asymptotique) à
A et B saturants ;
• où KSA = k-1/k+1 est la constante d'affinité (exprimée en constante de dissociation) de A pour l'enzyme E libre. Et où
KSB = k-3/k+3 est la constante d'affinité (exprimée en constante de dissociation) de B pour l'enzyme E libre.
Si on divise le numérateur et le dénominateur par [B] dans la formule ci-dessus, on obtient :
Si on divise le numérateur et le dénominateur par (1+ KmB/[B]) dans la formule ci-dessus, on obtient :
On voit bien que la forme est devenue semblable à la forme classique de présentation de l'équation de Michaelis. Et on voit bien les limites des paramètres lorsque [B] tend vers l'infini, autrement dit lorsque [B] est saturant. En particulier le Kmapp qui tend vers KmA. D'où l'appellation pour KmA : coefficient de Michaelis pour A à B saturant.
Remarque : on a KAB = KmAKSB. A l'aide de cette égalité, on peut réécrire le KmAapparrent comme . Cette écriture est plus classique car plus utile lors des tracés en double inverse. On verra ça plus loin.
On travaille l'équation de base selon la même méthode en inversant les rôles de A et B. On obtiendra :
Il n'est pas étonnant que les représentations linéarisées en double inverse soient d'allure identique à celles obtenues selon le mécanisme bi bi ordoné à complexe ternaire puisqu'un mécanisme ordonné n'est en fait qu'un cas particulier de mécanisme aléatoire : celui où un des 2 chemins tend vers une probabilité nulle ... A méditer.
Un cas très particulier de mécanisme bi bi aléatoire est finalement assez fréquent : celui où les coefficients de liaisons de A sur E ou EB sont identiques de même que les les coefficients de liaisons de B sur E ou EA. Si en plus, l'acte catalytique est lent devant les équilibres d'association/dissociation de E/EA/EB/EAB, on a :
Et un petit schéma qui se veut plus biologique pour illustrer la mécanique bi bi aléatoire à complexe ternaire